Retour � la naissance de Yoko Tsuno

 
1 - Le Trio de l'étrange

2 - L'Orgue du diable
 
3 - La Forge de Vulcain
 
4 - Aventures électroniques
 
5 - Message pour l'éternité
 
6 - Les Trois soleils de Vinéa
 
7 - La Frontière de la vie
 
8 - Les Titans
 
9 - La Fille du vent
 
10 - La Lumière d'Ixo
 
11 - La Spirale du temps
 
12 - La Proie et l'ombre
 
13 - Les Archanges de Vinéa
 
14 - Le Feu de Wotan
 
15 - Le Canon de Kra
 
16 - Le Dragon de Hong Kong
 
17 - Le Matin du monde
 
18 - Les Exilés de Kifa
 
19 - L'Or du Rhin
 
20 - L'Astrologue de Bruges
 
21 - La Porte des âmes
 

Couverture de l'album
Pour son récit suivant, Les Titans, publié dans les numéros 2029 à 2047 de SPIROU, du 3 mars au 7 juillet 1977, Leloup va revenir à une de ses passions d'enfance pour développer une autre leçon d'humanité dans le plus singulier des environnements : celui des insectes géants venus de l'espace sous la conduite du Grand Migrateur pour coloniser une partie de Vinéa.
"— J'ai toujours eu une passion pour les insectes parce que c'est la plus extraordinaire des mécaniques, dit-il. En décrivant une société évoluée de ce type, je réalisais une nouvelle fois un des rêves développés depuis que je m'étais passionné pour les collections de mon oncle entomologiste. Bien que pratiquant de petits métiers, mes parents ont beaucoup aidé ma formation. C'est mon grand-père qui m'a initié aux lectures de vulgarisation scientifique en me rapportant un jour un paquet de vieux SCIENCE ET VIE de la maison où il travaillait comme peintre en bâtiment."
 
"— C'est grâce à ces lectures que j'ai découvert la biologie et appris la façon dont la vie prend naissance. Les Titans s'appuient sur les codes qui régissent les communautés d'insectes. Elles pratiquent la sélection naturelle au sein d'un système essentiellement totalitaire. J'ai cependant voulu montrer qu'il subsiste toujours, au-delà des pratiques les plus aberrantes, une manière humaine et humaniste d'envisager la vie. L'idée de paix et de compréhension universelle est la vraie valeur de notre existence. Trop de gens écrasent les insectes qu'ils voient passer devant eux. Ces êtres ont le droit de vivre comme nous. C'est nous qui détruisons notre univers, eux ne cherchent pas à le faire, ils n'agissent que par instinct."


Yoko paraît bien fragile parmi ces créatures de cauchemar, mais c'est elle qui modifiera leur vision des choses après s'être liée d'amitié avec le moins biologiquement réussi de ces monstres, Xunk, le "faible", qui donnera sa vie pour la sauver. L'auteur souligne sa philosophie en une règle à retenir : “Les formes qui différencient les êtres importent peu, si leurs pensées s'unissent pour bâtir un univers...” Son application préserve de bien des maux ceux qui ne considèrent pas systématiquement l'“étranger” comme un ennemi. L'aventure apparemment débridée et pleine de rebondissements au fort caractère visuel jette en fait un pont entre deux sociétés antagonistes. Une fois encore, le message est d'intérêt universel et le lecteur sort moralement enrichi de cette exploration d'une jungle démesurée.

Couverture de lancement dans le journal de Spirou en 1977
 
Il est assez remarquable de voir combien l'œuvre de l'artiste est marquée par le gigantisme. Dans la plupart de ses aventures, Yoko se trouve confrontée à un concept réel développé jusqu'à l'énorme ordinateurs géants des Vinéens, colossal orgue du diable, détournement de l'énergie terrestre constituée par la lave, soleil artificiel, insectes extraterrestres, typhons destructeurs, etc. Parmi ces forces extraordinaires et mécaniques hors des normes, Yoko et ses compagnons illustrent les meilleures qualités de notre humanité : son sens de l'initiative, sa recherche d'idéal et de tolérance, une compréhension sereine de l'inconnu et la révolte devant les dominations qui s'établissent au détriment des humbles. Leur conduite est toujours dictée par la générosité et le désir d'améliorer le monde nouveau qu'ils découvrent. Même les géants ont parfois besoin de plus petits qu'eux pour se civiliser.